La clôture entre le Mexique et les Usa, appelé: LE MUR DE LA HONTE
border patrol
Lors d'une randonnée en buggy dans les dunes de sable, j'ai eu l'occasion d'aller voir de près ce mur, dit de la honte, qui sépare la frontière
Usa-Mexique. Cela m'a surprise, presque choquée de voir ce mur s'élever en 2011. Un camion de la frontière américaine (border patrol) venait vers nous tout en patrouillant le long ce cette clôture.
arrosage des cultures
Les Etats-Unis qui partagent 3 500 Km de frontière avec le Mexique ont décidé de construire un double mur de 1 125 Km de long entre la Californie et le Texas. Ce mur, constitué de barres d’acier
espacées de 20 cm, comme dans les prisons, sera doté d’une troisième barrière virtuelle équipée de caméras, de senseurs terrestres, d’avions sans pilote, et des dernières technologies en matière
de surveillance. Par ailleurs, 1 500 gardes supplémentaires viendront renforcer la Patrouille des frontières. Ce sera la plus grande construction de l’histoire humaine après la Muraille de
Chine.
Pour le Ministre mexicain des Relations extérieures, Luis Ernesto Derbez, c’est une décision qui va sérieusement détériorer les relations diplomatiques entre les 2 pays : une mesure qui ne va pas
garantir une meilleure sécurité ni résoudre le problème migratoire. Cette mauvaise décision prise par Washington nous préoccupe car elle va à l’encontre de l’esprit de coopération qui doit
prévaloir pour garantir la sécurité de la frontière commune.
Le mur de la honte:
Dans la population mexicaine, ce mur, tout comme celui de Berlin ou de Cisjordanie, est ressenti comme celui de la honte. Le sentiment anti-américain toujours latent au Mexique se raffermit. Le
Mexique est le 2e partenaire commercial des Etats-Unis. Il est membre de l’ALENA, l’accord de libre échange nord-américain. Il garantit aux Etats-Unis son approvisionnement en pétrole et en
ressources minières. En retour, il ne récolte que le mépris de son puissant voisin qui pourtant ne pourrait avoir une économie compétitive sans ces matières premières et la main-d’œuvre bon
marché que lui fournit le Mexique.
Ce mur va rendre encore plus difficile le passage des sans papiers qui passent chaque année la frontière sans pour autant régler le problème. Aucun mur n’arrête la faim. Les « coyotes » (les
passeurs) vont doubler ou tripler les prix, ce qui va obliger les saisonniers à rester aux Etats-Unis ou lieu de faire des allers-retours comme c’est la tradition depuis plus de 100 ans. Cette
main d’œuvre illégale est bien plus avantageuse pour les Etats-Unis qui refusent donc de légaliser ces migrants. Néanmoins, c’est avec une certaine satisfaction que les Mexicains constatent que
cette schizophrénie migratoire qui a atteint les Etats-Unis commence à avoir des effets catastrophiques. Avec le contrôle accru des frontières, 300 km de mur existent déjà en Californie, les
fermiers se plaignent du manque de travailleurs pour ramasser les fruits, ce qui se traduit par des pertes en millions de dollars.
Les illégaux mexicains ont encore un avenir.
Qui aux Etats-Unis serait disposé à travailler pour 5 dollars de l'heure pour faire un mur inutile dans un désert ? Réponse : les Mexicains.
Washington sait pertinemment que pour construire ce mur, les entreprises feront appel, comme après le passage de l’ouragan Katrina sur la Louisiane, à la
main-d’œuvre bon marché mexicaine. Pour les 11 millions d’illégaux, ce mur est un «éléphant blanc», une chimère supplémentaire des Américains qui, au nom de la sécurité nationale, estiment en
cette période électorale que les sans papiers sont les responsables de tous les maux des Etats-Unis.
Mais la faute n'est pas seulement américaine. Pour l’opposition de gauche et les défenseurs des sans papiers, ce mur démontre aussi l’échec de la politique extérieure de Vicente Fox. Ils
considèrent que le président mexicain a préféré jouer dans la cour des grands à défendre obstinément l’ALENA, l’accord de libre-échange nord-américain sans mettre au centre des discussions le
problème de l’emploi. Résultat : il passe illégalement 2 mexicains par minute aux Etats-Unis, soit 500 000 par an ! Avec une politique ultra libérale pour attirer les investissements étrangers
directs, Vicente Fox n'a pas su développer un marché intérieur, pourvoyeur d’ emplois bien payés, ce qui aurait freiné la migration aux Etats-Unis et permis de négocier un accord migratoire au
lieu de se voir imposer ce mur absurde.
carte de la frontière
Mexicains
Depuis que je vis ici, il y a toujours eu la présence et l'histoire pour ne pas dire les histoires sur ces Mexicains. Je m'y suis intéressée un peu plus après avoir vu ce mur alors j'en ai fait un article en faisant quelques recherches succeptibles d'être fort intéressantes.
Cultures
Tous les travailleurs ou presque, sur ce côté-ci de la frontière sont des Mexicains. On les retrouve dans les commerces, les restaurants ainsi que les garages etc. Ils sont vraiment spécialisés dans les cultures maraîchères ainsi que l'entretien paysager. Ils me font penser aux Italiens du Québec qui sont eux, spécialisés dans le domaine de la construction depuis le début de leur immigration.
Champs irrigation
On les voit le plus souvent travaillant dans les champs de culture qui est le noeud de l'économie en Californie près de la frontière de l'Arizona. Des champs d'irrigation qui sont renouvelés constamment jusqu'aux chaleurs insupportables de l'été. Ce sont des manufactures ambulantes. Des autobus blancs les transportant ainsi qu'une remorque les accomodant avec des toilettes et des lavabos pour l'hygiène.
Culture commerce, cultivés,
nettoyés, emballés, prêts pour livraison
C'est en Californie qu'on cultive le plus de laitue, on en nourrit le pays entier. Au moment de la récolte dans les champs, on voit partout ces petites usines. On récolte, on nettoie les légumes et on les mets directement dans des boîtes. Elles sont ensuite aussitôt transportées par camion au travers le pays et le Canada, pour terminer leur périple dans les épiceries avant d'aboutir sur nos tables pour notre plus grand bonheur. La prochaine fois que vous mangerez des légumes, pensez que ce sont la plupart du temps des Mexicains qui font tout ce travail. Ayez une pensée pour eux car ils y mettent toutes leurs énergies.
Travailleurs
Certains, je devrais dire beaucoup, ne parlent pas anglais et dès qu'on traverse au Mexique, à quelques pas des Usa, personne ne parle cette langue du pays d'à côté... Ils sont de bons travaillants et le travail ne leur fait pas peur. Ils doivent gagner de l'argent car pour la plupart, ils envoient l'argent dûrement gagné au Mexique pour aider leur famille.
Carte frontière
La frontière s'étend sur une distance énorme de l'Océan Pacifique au Golfe du Mexique. Cette frontière touche la Californie, l'Arizona, le Nouveau Mexique et le Texas donc il y a énormément de villes frontalières concernées.
volontaires aidant au mur
Il y a deux écoles de pensées ici, celle qui veut venir en aide à ces Mexicains voulant traverser la frontière illégalement pour y tourver un monde meilleur. Les gens qui vivent près de la frontière mettent des barils d'eau et de la nourriture à leur disposition dans le désert pour les aider dans leur périple. Ils doivent traverser le désert même dans les grandes chaleurs de l'été à 120 degrés. Certains meurent de soif et de faim, avant d'arriver à leur destination, il ne faut pas s'en cacher.
Frontière gardée armée
L'autre école de pensée est celle qui est contre cette invasion de Mexicains qui viennent voler les emplois des Américains. Les Américains ne voudraient même pas travailler dans leur secteur, souvent mal payé, sous le salaire minimum étant tout simplement des illégaux... Ces gens vont patrouiller la frontière avec des fusils mais normalement ne les utilisent pas. Ils vont aviser aussitôt les autorités Américaines de la présence possible de ces envahisseurs. Ils vont être arrêtés, déportés vers une porte d'entrée légale, retournés dans leur pays jusqu'à ce qu'ils recommencent et recommencent sans cesse... l'herbe est beaucoup plus verte de l'autre côté et ils ont bien raison!
Véhicule patrouille
Toutes sortes de véhicules sont utilisés pour patrouiller le désert, 4x4, ATV et même des motocross leur permettant encore plus de flexibililté. J'ai vu des camions patrouiller avec une série de pneus attachés à des chaînes derrière les camions. Le but: effacer toutes traces des passages précédents laissant la place aux nouvelles...
mur de la honte, mur de la haine
On passe souvent à des barrages routiers sur la route où on doit s'arrêter pour soit, que les chiens viennent sentir ou que les policiers examinent les véhicules. On voit souvent affiché devant les postes de garde, le nombre de fugitifs capturés, bien cachés dans les véhicules souvent à double fond. Le nombre de kilos de drogue est aussi bien affiché pour qu'on sache bien qu'ils font leur boulot!
construction du mur
Bien sûr, il y a des gens qui aident leurs compatriotes à passer la frontière incognito. Beaucoup réussissent, certains n'ont pas cette chance mais à quel prix! Malheureusement il n'y a pas que les adultes, il y a aussi beaucoup d'enfants qui les accompagnent. On laisse tout derrière soi en espérant recommencer une meilleure vie.
commerce de la drogue
Il y a présentement un très gros problème au Nord du Mexique dans ces villes frontalières, le cartel de la drogue car drogue il y a sans aucun doute. Des gens se font tirer dans la rue, laissés morts et les touristes risquent de se retrouver au milieu d'un règlement de compte et d'une fusillade. Beaucoup de gens qui allaient au Mexique en caravane auparavant, ont décidé cette année de ne pas s'y aventurer et avec raison.
charnier
J'ai vu des reportages à la télé qui ne nous donne pas du tout le goût de prendre ce risque. Ils ont retrouvé des charniers remplis de touristes, souvent enterrés vivant. Des histoires à faire frémir de peur, qui sont malheureusement vraies. Je ne vous dis pas tous les détails entourant ces histoires, elles sont facilement vérifiables dans les médias.
patrouille policière
Les Américains ainsi que les Canadiens de l'Ouest se rendent quand même dans ces villes frontalières. Ils y vont pour visiter le dentiste et la pharmacie ainsi que l'optométriste, qui sont tellement moins chers de ce côté de la frontière. Ils y vont et reviennent aussitôt, ils n'y traînent plus comme auparavant...Pour le reste, les marchands doivent en souffrir énormément. Il y a beaucoup de petits vendeurs de babioles mais aussi beaucoup de mendiants. On parle ici d'enfants, qui dès qu'on le peut, on les met sur le trottoir toute la journée avec ou sans la mère pour amadouer les touristes. On ne peut pas faire autrement que de les prendre en pitié et quand il y a des enfants qui mendient ou qui chantent (souvent la même chanson avec la
même intonnation), cela fonctionne toujours.
long désert à traverser avant la liberté
Les deux frontières sont séparées par le Rio Grande qui se traverse par soit, un pont ou soit, à pied selon les endroits, il y a si peu d'eau... Il y a des villes qui sont plus dangereuses que d'autres naturellement comme en Californie (San Diego), au parc national de Organ Pipe en Arizona et les villes qui sont de l'autre côté de la grande ville de El Paso au Texas, en autres...
on se cache du méchant loup...
Petite anecdote:
J'ai des amis qui, lorsqu'ils vont au Mexique, c'est presque un acte de charité et définitivement de respect. Le shoe shine boy, s'il demande un dollar pour frotter leurs chaussures, ne se fera pas marchander comme la plupart de nous le fait. La personne a évalué son travail à un dollar et un dollar il recevra... J'avais beau leur dire qu'ils devraient marchander et payer moins cher mais j'ai vite compris que ce n'était pas le but. La dignité est très importante pour ces amis, qui font partie de mes meilleurs amis d'ailleurs.
mur près de San Diego
J'ai vu des pauvres, beaucoup de pauvres venant du Mexique, des gens qui vivaient dans leur voiture et les enfants allaient à l'école comme si tout était normal. A l'époque de Noël, il y a toujours des gens dans les riches campings qui prennent des familles pauvres sous leur aile. On les aide comme on peut, on leur donne de la nourriture, des jouets pour qu'ils puissent aussi vivre un beau Noël. Mes copains cités ci-haut, sont très préoccupés par le phénomène et font beaucoup pour eux, ils sont très impliqués même dans les écoles. Des personnes généreuses et bonnes, il y en a aussi chez nous, il s'agit de les trouver... et surtout de les garder!